elle quittait tout le passé comme le gîte d’un jour 1
elles m’ont surpris en plein repassage
en slip vert dans la buanderie verte
c’était un matin du mois de juin
au mois de juin un matin
si clair et sonore
un clair matin
j’ai coupé quelques roses séchées
une rouge et deux rose sur la cheminée
en attendant que mes pantoufles sèchent
au soleil sur la terrasse repeinte
j’ai écouté au moins dix fois
katia de miles et john à la guitare
puis dix fois aussi à l’étage
flow my tears
car il est naturel à l’homme de haïr
sa propre souffrance dans la souffrance d’autrui
laisse-moy soupirer 3’38
car l’impuissant aime refléter son néant
dans la souffrance d’autrui
dans une des pages d’atelier datée de 1924 ponge écrit
le poème est un objet de jouissance proposé à l’homme
au fond ma plume ne s’est jamais commise
écrit mireille havet le 6 mars 1924
retrouvée grâce à une fuite d’eau dans un grenier
honoré barthélemy abandonne
le tour de france 1924 à la sixième étape
l’œil droit crevé par un silex quatre années auparavant tombe
l’asperge et l’artichaut ne s’accommodent d’aucun vin
c’est aussi l’année des derniers jeux en france
deux cartons de cahiers et de paperasses
j’ai l’impression depuis quinze jours
d’être sur le rafiot des dents de la mer
j’attends non pas comme barbellion
que mes carnets et cahiers soient
un classique de la littérature de la désillusion
j’attends sans attendre d’être dévoré tout cru
l’établissement français des greffes
laisse la place à la nouvelle
agence de la biomédecine
barbellion s’émeut davantage
des bouvreuils ou des hirondelles
qu’il aperçoit à travers la fenêtre
que de sa fille de neuf mois
registre national des refus
bp 2331 13213 marseille cedex 02
il relit pascal et a toujours aimé les oiseaux à la folie
après le documentaire de 51 minutes sur
le royaume des nabatéens de pétra à hegra
j’ai avalé un café et coupé les ongles de mes orteils
permettez poursuit l’auteur du cierge de pascal
je n’espère pas qu’une syllabe de plus ou de moins
va me conférer l’immortalité 2
01/07/2005 18:33
1 – Georges Bernanos : Sous le soleil de satan. Points Seuil, 1987, p.28.
2 – Ibid. p.276.