comme si le temps s’était coagulé dans mes veines 1
surtout ne regarde pas l’éclipse aujourd’hui
attends ta réincarnation en 2059
les freud papers aussi attendent 2057
bon alors un plein de sans plomb 98
pour 49 euros 39,11 litres
et changer un balai d’essuie-glace
une baguette un gland pour ton café 4h
la baie vitrée se transforme en miroir
tout le dehors qui m’avale
est une baie vitrée
qui m’écrase
n’allume pas tes phares
le brouillard sera plus dense encore
prends tes antibiotiques
avale tes anti-inflammatoires
n’oublie pas tes antidépresseurs
et va regarder le foot
la vie est l’ensemble des forces
qui résistent à la mort
nous ne vivons pas seuls
mais enchaînés à un être d’un signe différent
dont des terrains de foot nous séparent
il ne nous connaît pas
il est impossible de nous faire comprendre
c’est notre corps dit proust essoufflé
balle au pied au centre du terrain
c’est où la rue salomon de caus
me demande cioran
qui regarde les genoux d’une jeune fille
derrière la saint sépulcre
mais il ne voit qu’un détail de squelette
t’étais où depuis trente sept jours
encore en argentine
ou à glander en banlieue
tu sais pas que ta mère ta femme
ta fille ta sœur ta chatte ta nièce
ta maîtresse ta voisine ta belle-sœur
ta belle-mère ta voiture ta chaise
ta tondeuse ta france
se sont inquiétées
fait du mauvais sang
et tu sais combien pour elles
le sang c’est de l’argent et de l’amour
maintenant promets nous
d’être là à noël
il est incroyable à quel point
l’hiver est poétique 2
17/11/2005 10:20
1 - Cioran : Cahiers ( 1957-1972). Editions Gallimard, 1997, p.50. [janvier 1960]
2 - Ibid : p.198 [décembre 1963]