mais sept cents journées de vie libre
c’est quelque chose
sept cents soirs je me coucherai
sans le moindre souci du lendemain 1
je redors dans la chambre jaune
on est donc en juin
il reste de cézanne un peu plus de 800 toiles
350 aquarelles et 350 dessins
j’ai réparé le store du bureau
installé celui de la cuisine
cassé le ressort de la bonde du lavabo
grenat où mon cul est à présent guéri
on va certainement divorcé donc déménager
comme paul pas loin de 800 toiles à caser
et 240 cartons de journaux et magazines
et 6666 livres plus les paperasses
deux ou trois chemises et un pantalon
et les chattes c’est pour qui
donc peinard jusqu’à la fête des mères
vers la fin mai 2008
les vidanges sont faites les bleus sont qualifiés
le soleil est revenu
les vacances approchent
les baigneuses le triomphe de flore
irai-je au tholonet me requinquer
ou encore à la clinique du croisé me faire aveugler
gérard a annulé mon rendez-vous
vincent reporté au vendredi suivant
si je faisais pour passer le temps
des cartes de visite à mes minous
comme loti à ses moumouttes
ou non s’asseoir simplement au soleil
oublier cette douleur à gauche
dans la poitrine
un mauvais tacle hier soir
une courte nuit à 7h déjà sur pied
me voici donc seul sur la terre
à attendre de rendre un jour prochain
à la meilleure des femmes
l’assistance que j’en avais reçue
paul reste plongé dans des irrésolutions sans fin
ira-t-il au dîner que donne nina
un kilo de vert est plus vert qu’un demi-kilo
je préfère le terme désarroi
même page que désargenté
bouleversé par la vision de la soubrette
paul marmotte que c’est effrayant la vie
il est arrivé une petite femme brune
pas mal
tout de suite je l’ai aimée 2
29/06/2006 11:40
1 - Tristan Bernard : Aux abois. Editions Albin Michel, 1933, p.114.
2 - Ibid. p.66.